Soirée autour de l’art de Paolo Colombo et de la musique Rébétiko
Le Centre d’Art Contemporain Genève et La Cité Bleue s’unissent pour une soirée exceptionnelle autour de l’artiste Paolo Colombo et de la musique Rébétiko. L’événement mettra à l’honneur la pratique singulière de Paolo Colombo, artiste et ancien directeur du Centre, aujourd’hui installé à Athènes, ainsi que l’univers poétique du rébétiko, musique emblématique de la culture grecque. Rénovée en 2024, La Cité Bleue revêt une importance particulière dans l’histoire du Centre d’Art Contemporain Genève. C’est en effet dans la Salle Simón I. Patiño (ancien nom du théâtre), aujourd’hui intégrée au site, que le Centre est né : entre 1974 et 1978, il y organisa expositions, concerts, performances, conférences, projections et festivals. Sous l’impulsion de sa fondatrice, Adelina von Fürstenberg, de nombreux artistes majeurs y présentèrent leur travail, inscrivant durablement ce lieu dans la mémoire culturelle genevoise. Le 6 décembre 2025, le Centre d’Art Contemporain Genève revient sur ces lieux fondateurs pour célébrer la parution de la monographie The Second Time de Paolo Colombo publiée par Nero Éditions (novembre 2025).
Dès 17h30, le public est invité à découvrir une exposition photographique retraçant la vie du Centre à travers ses anciens lieux: l'ancienne Salle Patiño, aujourd'hui La Cité Bleue, avec ses archives et ses sous-sols : un voyage sensible au cœur d’un patrimoine culturel et humain souvent invisible, mais essentiel à la vitalité artistique de Genève.
À 18h30, la soirée se poursuit par une table ronde réunissant Andrea Bellini, directeur actuel du Centre d’Art Contemporain Genève et commissaire désigné de l’exposition suisse à la Biennale de Venise 2024, Paolo Colombo, ancien directeur du Centre, Muriel Brandt, commissaire de l'exposition "La Cité Bleue Genève : passé, présent et futur d'un haut lieu de la culture genevoise" et Leonardo García-Alarcón, directeur artistique de La Cité Bleue. Après un mot d’accueil et une brève introduction sur l’histoire du Centre, la rencontre évoquera la vision de ses directeurs successifs, les liens entre création contemporaine et mémoire des lieux, et présentera le livre de Paolo Colombo, artiste et commissaire au parcours cosmopolite entre Athènes et Genève.
Enfin, à 20h, place à la musique avec le concert Façonner les Mosaïques du Rébétiko du Ancoretto Ensemble, invité par Paolo Colombo, un duo fondé par Theodora Athabassiou et Alexandros Kentris. Plongeant dans la tradition du rebetiko, cette musique née dans la Grèce de l’entre-deux-guerres offre une relecture vibrante et actuelle : une exploration vivante d’un art profondément humain, porteur de liberté, de mémoire et de résistance. Leur approche, à la fois respectueuse et inventive, fait résonner les voix du passé dans le monde d’aujourd’hui.
À l’issue de la représentation il y aura une dédicace du livre avec Paolo Colombo au Blue note café. Le 6 décembre sera une soirée pour célébrer la création sous toutes ses formes, visuelle, intellectuelle et musicale, et pour rappeler combien les lieux de culture, comme La Cité Bleue et le Centre d’Art Contemporain, sont des espaces où l’histoire se réinvente sans cesse.
Paolo Colombo, The Second Time, Nero Éditions, 2025 (FR / EN / IT), 25 CHF, prix spécial de lancement : 15 CHF
Cette monographie a été publiée grâce au généreux soutien de la Fondation Jan Michalski
Paolo Colombo (né en 1949 à Turin, Italie) a obtenu un diplôme en langues et littérature à l’université de Rome en 1975 et débute une pratique artistique de peinture et de dessin en tant qu’autodidacte dès 1974 à la galerie Mario Pozzoli à Milan. En 1977, Colombo est le premier artiste européen à exposer au P.S.1, à New York. Il interrompt sa pratique artistique à partir de 1986 pendant 21 ans. Durant cette période il travaille comme conservateur dans des musées aux États-Unis, en Suisse, en Italie, en Grèce et en Turquie. Après cette interruption, Colombo a repris sa pratique artistique en 2007, coïncidant avec son déménagement à Athènes, en Grèce. Depuis, son travail a été exposé, entre autres à Londres, à Los Angeles, à Genève, à Rossinière et à Athènes. Ses œuvres font partie des collections de MONA, Hobart (Tasmanie), Istanbul Modern (Turquie), Bénaki Museum à Athènes (Grèce) et le Hammer Museum à Los Angeles (États-Unis).
La monographie Paolo Colombo : The Second Time publiée à l’occasion de son exposition éponyme au Centre d’Art Contemporain Genève (8 novembre 2023 – 30 mars 2024) est un ouvrage richement illustré. À travers une conversation avec Andrea Bellini, commissaire de l’exposition, le livre retrace le parcours de Colombo : de sa formation en Suisse et sa première exposition à Turin en 1974, à son départ pour les États Unis et sa carrière de commissaire, notamment à Genève (1990-2001).
La discussion met en lumière ses deux facettes professionnelles, tout en explorant sa passion pour la littérature et la poésie — il est lui-même poète —, pour la culture grecque, pour le rébétiko et pour les grandes figures de l’art contemporain qui ont nourri son inspiration. Elle souligne aussi la continuité entre ses œuvres des années 1970-1980 et son retour à la peinture et au dessin depuis 2011. Publié en anglais, français et italien, l’ouvrage se termine par une chronologie détaillée de sa carrière réalisée par Sara De Chiara.
À travers les œuvres de figures majeures du Rebetiko comme Papaioannou, Tsitsanis, Abatzi ou Eskenazi, ce concert plonge le public au cœur de l’âme grecque. Né dans les ports d’Asie Mineure et du Pirée au début du XXe siècle, le Rebetiko est une musique d’exil, de mélancolie et de liberté, portée par des voix d’exclus et de poètes urbains, mêlant influences orientales et occidentales pour évoquer l’amour, la perte et la quête d’identité.
Theodora Athanassiou et Alexandros Kentris font revivre ce répertoire avec respect et inventivité, créant un dialogue entre guitare et bouzouki, entre tradition populaire et sensibilité contemporaine. Leur interprétation raffinée révèle la profondeur expressive et l’universalité intemporelle de cette musique.
Musiciens grecs passionnés, ils explorent le Rebetiko avec authenticité et ouverture, reliant passé et présent sans se limiter à la reproduction des formes anciennes.
Fondateurs de l’Ensemble Ancoretto, ils partagent depuis six ans leur travail en Europe et en Afrique, aujourd’hui en Suisse, contribuant à faire découvrir
cette tradition vivante. Né dans l’effervescence sociale de la Grèce de l’entredeux-guerres, le Rebetiko exprime un désir de liberté et d’égalité, s’opposant à l’oppression. Sa force réside dans son humanité et son authenticité, où des mélodies simples portent des histoires complexes, reliant les générations et inspirant de nouvelles formes d’expression artistique.
« La musique traditionnelle grecque exerce une profonde influence sur mon travail depuis le début des années 1970. J’ai toujours été fasciné par ses vastes possibilités d’improvisation et par la force émotionnelle qui se dégage de sa structure architecturale, à la fois sobre et rigoureuse. Lors de mon second voyage en Grèce, en 1970, j’ai découvert un pays où la musique traditionnelle est une réalité vivante, intimement liée à la vie quotidienne et au tissu même de la société. Depuis de nombreuses années, j’écoute cette musique dans mon atelier pendant que je peins ; elle m’accompagne et m’inspire. Il me semble donc particulièrement approprié de conclure ma conversation avec Andrea Bellini à la Cité Bleue par une performance de mes musiciens grecs préférés, Theodora Athanasiou et Alexandros Kentris. Ils perpétuent la tradition de la musique populaire et folklorique grecque avec une remarquable précision
philologique, une grande sensibilité et une profonde intensité émotionnelle. »
– Paolo Colombo
Theodora Athanassiou
Née à Athènes, Theodora Athanassiou est musicienne, interprète et pédagogue spécialisée dans les musiques de la Méditerranée orientale. Formée au Conservatoire municipal de Patras auprès de Christos Tsiamoulis et Evgenios Voulgaris, elle étudie le politiko laouto, le yaylı tambur, la guitare populaire et le bouzouki, tout en approfondissant la théorie et la pratique des musiques modales (makam). Son parcours relie la tradition grecque et l’expérimentation contemporaine à travers une approche à la fois savante et intuitive. Elle enseigne la guitare populaire et le laouto au Tonic Conservatory et se produit dans de nombreux festivals en Grèce et en Europe. En 2020, elle publie Curcuma avec le Garlic Duo, mêlant compositions originales et arrangements rébétiko. Sa musique se distingue par un dialogue subtil entre mémoire, émotion et modernité.
Alexandros Kentris
Né à Athènes en 1991, Alexandros Kentris est un musicien et compositeur passionné par les traditions musicales de la Méditerranée. Formé au bouzouki dès l’adolescence, il explore ensuite le bulgari (saz crétois), le luth crétois et la mandoline, développant un style à la croisée des héritages grec et oriental. Installé à Athènes depuis 2016, il collabore avec des artistes majeurs tels que Theodora Athanassiou, Semeli Papavassiliou et Afentoula Razeli, et participe à des projets internationaux avec l’orchestre Medinea dirigé par Fabrizio Cassol. Ses prestations, de la scène grecque aux festivals européens, témoignent d’une grande sensibilité et d’une recherche constante d’équilibre entre virtuosité, tradition et création contemporaine.
Fondé en 1974, le Centre d’Art Contemporain Genève est un lieu d’exposition, de réflexion et de dialogue autour de l’art contemporain. Institution pionnière sur la scène suisse et internationale, il interroge les enjeux majeurs de notre époque. En cinquante ans d’activité, il a contribué à la découverte de talents émergents suisses et internationaux, ainsi qu’à la redécouverte de figures majeures.
Espace de recherche et d’expérimentation, le Centre présente des projets ambitieux, souvent produits pour l’occasion, qui explorent l’ensemble des pratiques contemporaines. Son programme de projections et de rencontres, ainsi que la Biennale de l’Image en Mouvement, en constituent les temps forts. L’institution porte également une attention particulière aux projets éducatifs et socio-artistiques.
Durant la rénovation de ses espaces d’exposition au BAC (2025–2029), le Centre investi L’Arcade, un nouveau lieu en plein coeur de Genève, à deux pas de la gare et du mythique cinéma Plaza. Ouvert sur la ville, cet espace accueille des expositions aux formats inédits, avec une vitrine dédiée à la création contemporaine. En parallèle, le Centre poursuit une riche programmation hors-les-murs et en ligne, en dialogue avec des institutions suisses et internationales.
